Sur les traces de la photographie militante: La Photothèque du Mouvement Social.org

4 04 2009

Quel cheminement une personne qui chercherait une photographie pour illustrer une publication, un tract ou un article devrait-il suivre sur le site de La Photothèque du Mouvement Social.org pour y parvenir ? Comment vérifier si ce site répond aux finalités qui lui sont assignées ?

Par Florène CHAMPEAU

Le 13 mars 2009

J’ai choisi de me placer dans la peau d’une personne qui chercherait une photographie pour illustrer un article, un tract ou une publication à propos du mouvement de contestation mené par les universités en 2009. Un site internet intitulé « La Photothèque du Mouvement Social.org » est entièrement consacré aux mouvements sociaux quels qu’ils soient. A l’intérieur de ce site je me suis tournée vers la rubrique « Education », j’ai sélectionné l’année 2009 puis j’ai choisi, en raison du grand nombre de clichés, de m’attacher aux photographies d’une journée particulière de manifestation : celle du 17 janvier 2009. J’ai pris soin de prendre des images de plusieurs sources et de plusieurs lieux en France afin d’observer les différents points de vue adoptés par les photographes. Dans l’idéal j’ai tenté de sélectionner des images évoquant une diversité des motifs : manifestants avec banderoles, focalisation sur des affiches ou pancartes,…

Le site de la Photothèque du Mouvement Social.org a été créé dans un but précis et admet donc des finalités particulières. Un encart situé à gauche de sa page d’accueil nous renseigne :

« Espace de gratuité, la Photothèque du Mouvement Social est un espace où les photographes professionnels ou amateurs peuvent déposer leurs photos pour les mettre en utilisation libre et gratuite pour l’édition de tracts, journaux gratuits et sans publicité, sites web non marchands. Un lieu où les militants des diverses organisations de gauche peuvent trouver des images pour illustrer leurs publications et tracts. Pour pouvoir utiliser les photos il faut s’inscrire (gratuitement) pour valider l’acceptation des conditions d’utilisation des photos ou de leur dépôt. Cet espace a besoin, pour se développer, des contributions du plus grand nombre dans la diversité des points de vue. Merci. Patrice Leclerc, Gabriel Laurent, Milos Colic. »

On remarque ainsi que le site est accessible à tous après une simple inscription et qu’il est possible de publier ses propres photographies mais également d’utiliser celles déjà en ligne sans autre condition que la validation des conditions d’utilisation. Cela signifie donc que les sources peuvent être multiples, du simple amateur qui s’essaie au professionnel. Aussi, la qualité et l’adéquation avec les canons journalistiques ne sont pas garanties.

Par ailleurs, la nature du site est claire : la Photothèque du Mouvement Social.org est un site militant dont le but est de fournir des images pour approvisionner des tracts, des articles et des sites web réalisés par des personnes ou organismes au bord politique identique à celui défendu par le site : la gauche. La charte des conditions d’utilisation précise davantage ce lien avec certains mouvements et journaux de gauche :

« La Photothèque du Mouvement Social.org autorise les journaux Humanité, Politis, Rouge et Alternative Libertaire à utiliser librement les photographies en raison d’un accord tacite avec eux. Cependant, pour toute utilisation autre que militante, pour une utilisation commerciale par une entreprise, une collectivité locale, une OE, un autre journal que ceux mentionnés ci-dessus ou une institution il faut demander obligatoirement l’autorisation d’utilisation à l’auteur de la photographie qui se réserve la possibilité de demander des droits d’auteur. L’objectif du site n’étant pas de concurrencer les photographes professionnels. »

Compte tenu de ces liens particuliers que le site entretient avec des partis politiques et des journaux soutenant la plupart du temps les mouvements couverts, j’ai décidé de me mettre plus particulièrement dans la peau d’un iconographe qui chercherait une image favorable aux revendications des universitaires.

Dans un premier temps, je vais mener une analyse esthétique des photographies pour sélectionner celles qui montrent une image valorisante du mouvement et qui répondent aux canons journalistiques. Dans un deuxième temps, je conduirai une analyse pratique qui déterminera si les clichés peuvent bien être utilisés pour les fins prévues par le site. Cela reviendra ainsi à évaluer la pertinence de la Photothèque du Mouvement Social.org.

L’analyse esthétique : à la recherche d’images valorisantes pour le mouvement.

Les photographies que j’ai sélectionnées pour la journée de manifestation du 17 janvier 2009 appartiennent à 4 photographes : Didier Bonnel, André Jeff, Cyberien et Jphjarlaud. De façon générale se sont ceux qui ont publié le plus de photographies de cet évènement : 19 pour le premier, 15 pour le deuxième, 46 pour le troisième et seulement 1 pour le dernier qui constitue une exception. J’ai conservé 2 images de Didier Bonnel prises à Marseille, 3 de Cyberien prises à Paris, 3 d’André Jeff au Mans et l’unique de Jphjarlaud à Dijon.

Didier Bonnel a couvert les manifestations en tout genre ayant eu lieu en 2009 à Marseille. Je n’ai pas trouvé sa trace ailleurs que sur le site de la Photothèque…Cyberien s’est lui aussi intéressé aux manifestations diverses qui se sont déroulées fin 2008 et début 2009, mais à Paris cette fois-ci. Ce photographe semble avoir un peu plus d’expérience puisqu’il tient des sites sur internet sur lesquels il expose son travail d’amateur. Ciblé sur l’éducation, André Jeff a photographié les manifestations qui touchaient à ce sujet se déroulant au Mans fin 2008, début 2009. Il n’a pas publié d’autres photographies sur internet. Quant à Jphjarlaud il n’a sur le site que très peu d’images à son actif, elles sont relatives à toute sorte de manifestations et s’échelonnent de 2007 à 2009. On peut le retrouver sur internet avec des textes poétiques et des photographies mais rien n’indique son statut. Je suppose cependant qu’il est amateur.

J’ai décidé de mener une analyse transversale par motif. Ainsi, dans les photographies sélectionnées, j’ai déterminé 4 types de sujet : les manifestants avec leurs banderoles, la focalisation sur une pancarte, la présence de sacs poubelle et la foule désorganisée.

Premier motif : les manifestants avec banderoles

André Jeff / La photothèque du mouvement social

Photographie d’André Jeff : La large banderole fluo est le premier élément qui attire dans cette photographie. La couleur est un formidable « attrape regard », c’est pour cela que j’ai choisi l’image mais c’est selon moi le seul point positif. En effet, le message n’est pas très lisible sur la banderole et ainsi le cliché perd du sens et de l’impact. L’angle de prise de vue est tourné vers l’extérieur de la manifestation, ainsi on aperçoit plus les murs et les vitrines que les manifestants ; le champ de profondeur est coupé et le cadrage absolument pas judicieux. Cette photographie ne correspond pas aux canons journalistiques.

Didier Bonnel / La photothèque du mouvement social

Photographie de Didier Bonnel : Cette image présente de nombreux points positifs. Le regard est attiré au premier plan par une banderole blanche où on a écrit en rouge et noir ; elle est parfaitement au centre et particulièrement lisible. Mais le regard ne s’arrête pas là, le fait de pouvoir apercevoir derrière deux voire trois autres inscriptions et slogans est accrocheur ; cela montre la diversité des messages et des gens en présence. Par ailleurs, une ligne de force diagonale créée par les immeubles bordant la rue encadre la manifestation et structure l’image. Les immeubles, qui au départ, risquaient de boucher la profondeur du champ l’orientent finalement de façon assez positive puisqu’on voit la foule s’étendre sur le côté gauche en suivant la diagonale insufflée par la ligne de force. Cependant, la présence aussi prépondérante de ces immeubles peut aussi desservir l’image, on risque de s’attarder sur eux ou alors d’assimiler la manifestation à un seul endroit reconnaissable ; c’est à double tranchant. Aussi, il aurait peut-être mieux fallu que le cliché ait un cadrage plus serré.

Cyberien/ La Photothèque du mouvement social

Photographie de Cyberien : Cette photographie est d’après moi la plus réussie des trois. Le fait qu’on soit à la même hauteur que les manifestants et que le cliché soit pris assez près permet d’obtenir un cadrage concentré sur l’objet réel de l’image : les manifestants et leur message. Aucun autre élément annexe ne vient perturber le regard : la banderole de tête de manifestation parcoure le cliché de gauche à droite, les manifestants occupent le centre de l’image et pour finir les drapeaux complètent l’espace supérieur. La richesse du cliché réside beaucoup dans l’impression de cohésion qui se dégage avec cette réunion derrière l’imposante banderole. La multitude de drapeaux marqués de sigles de syndicats ou associations même jusqu’en arrière plan au loin donne l’image d’une profusion, d’une foule importante et organisée. Les deux seuls points qui peuvent être considérés comme négatifs sont la présence de quelques personnes de dos au premier plan à droite qui cachent un petit bout de la banderole (heureusement son extrémité !) et les visages reconnaissables de beaucoup de manifestants. On peut cependant supposer que s’ils sont en première ligne c’est qu’ils le souhaitent ou sont des personnes connues. La photographie donne une image extrêmement positive du mouvement et son message est on ne peut plus clair. Cependant, l’originalité n’est pas au rendez-vous pour attirer le lectorat : le motif des manifestants avec leurs banderoles est conventionnel et habituel.

Deuxième motif : la focalisation sur une affiche

Didier Bonnel / La photothèque du mouvement social

Photographie de Didier Bonnel : L’image est prise à hauteur de visage pour pouvoir se focaliser sur les pancartes brandies au dessus de la procession et plus particulièrement sur celle située au centre qui constitue le réel objet du cliché. Le message est particulièrement visible, clair et la pancarte attire malgré son écriture bleue sur fond blanc. On peut apercevoir deux autres slogans derrière ce qui est positif. On aperçoit quelques visages mais ils peuvent facilement devenir peu reconnaissables, cela n’est donc pas un gros problème. Cependant, la photographie admet des points négatifs non négligeables. En effet, le champ est vite coupé par des bâtiments à droite et l’angle de prise de vue de la photo est orienté vers l’extérieur de la manifestation plutôt que vers l’intérieur ce qui n’est pas très judicieux. On a donc davantage l’impression de vide que de profusion. Par ailleurs, l’image n’est pas très colorée de manière générale et attire donc beaucoup moins le regard que d’autres photographies.

Cyberien / La phothèque du mouvement social

Photographie de Cyberien : La focalisation s’opère sur une banderole située au centre de l’image. Elle est blanche et l’inscription dessus est en rouge, elle attire donc beaucoup le regard. Cette banderole est en quelque sorte encadrée par deux figures située chacune à gauche et à droite de la photographie. Ces deux personnes délimitent ainsi le champ de vision sur les côtés et de ce fait mettent en place un cadre autour de la banderole même si celui-ci est imparfait puisque les deux figures se ne situent pas au même niveau. L’effet de focalisation est accentué par la rangée d’arbres sur les côtés qui participent à la création du cadre autour du message. La banderole est à hauteur de tête, on ne peut donc apercevoir les visages des personnes situées derrière. Ce point de vue est stratégique, il permet de préserver l’anonymat, d’éviter les problèmes de droits d’auteur et de pouvoir appliquer la scène à n’importe qui. Seuls deux visages peuvent être aperçus mais je pense qu’on peut facilement les rendre méconnaissables. Cependant, l’image ne transmet pas une impression de multitude. Malgré une possibilité de point de fuite offerte par les rangées d’arbres la vue est coupée et arrêtée par la banderole elle-même. On ne distingue seulement que quelques corps ou pieds qui traduisent des présences, mais pas suffisamment. De plus, le message sur la banderole n’est pas totalement visible et pourrait être considéré en marge du vrai mouvement. On parle de l’école maternelle dans une manifestation largement plus dédiée à la crise des universités.

Cyberien / La photothèque du mouvement social

Photographie de Cyberien : Cette image est particulièrement accrocheuse. Le regard est immédiatement attiré par l’affiche qui prend plus de la moitié de la photographie puis par les drapeaux rouges qui occupent le reste de l’espace dans la partie gauche du cliché : à eux deux ils se partagent quasiment toute la surface. L’affiche est en fait le seul élément clairement défini et mis en valeur dans la photographie, le regard ne peut donc que s’intéresser à elle. Bien qu’elle soit en noir et blanc elle accroche par la taille du visage de Victor Hugo représenté en gros et la très bonne visibilité/lisibilité de la citation en dessous. La convocation d’une grande figure littéraire au service du mouvement social est particulièrement stratégique pour appuyer un point de vue. La pancarte à l’effigie de cet de cet auteur peut agir comme un élément d’autorité qui évoque la raison et incite à la réflexion. On s’éloigne ainsi des slogans revendicatifs sans pour autant oublier la « lutte ». La couleur rouge et l’impression de multitude dégagée par les drapeaux achèvent d’attirer et donne l’image d’une foule. L’anonymat est également une des qualités essentielles de cette photographie. Tous les visages sont cachés par les drapeaux ou l’affiche ce qui permet de prêter à ces personnes n’importe quelle identité et surtout d’éviter les problèmes de droits d’auteur. Cette photographie est selon moi la plus valorisante, la plus accrocheuse et la plus en adéquation avec les canons journalistiques.

Troisième motif : les sacs poubelle

André Jeff / La photothèque du mouvement social

Photographie d’André Jeff : L’image présente un amoncellement de sacs poubelle au premier plan, des messages sont inscrits dessus mais ils ne sont pas lisibles ce qui ne permet pas de traduire l’esprit du mouvement. Ces sacs sont situés sur une sorte d’esplanade qui surplombe une rue où se déroule la manifestation, on peut apercevoir dans le fond la foule qui défile et des personnes qui les observent en amont. Certes le regard se dirige vers la montagne de sacs au centre mais l’image n’est pas cadrée et la multitude d’éléments annexes autour a tendance à perdre le public. Aussi, selon moi, la photographie n’est pas assez accrocheuse et valorisante même si l’humour qu’elle déployait avec la présence inédite des sacs poubelle constituait un point intéressant.

André Jeff / La photothèque du mouvement social

Photographie d’André Jeff : La photographie est prise à hauteur de trottoir pour se focaliser sur des sacs poubelle alignés sur le sol. Ils portent chacun des messages lisibles grâce au gros plan faits sur eux. : les sacs occupent tout le devant de l’image et la majeure partie de l’espace. La couleur bleue d’un des sacs ainsi que l’orange et le rouge des écriteaux attirent le regard. En fond on aperçoit un grand bâtiment qui peut facilement être assimilé à une université (étant donné le contexte). La position des sacs et la présence du bâtiment en arrière plan créent une diagonale et donc une ligne de force dans l’image ; de ce fait, la photographie est plus percutante. Par ailleurs, l’originalité du sujet et l’humour qui s’en dégage sont susceptibles d’intriguer et d’interroger le public qui sera ainsi amené à lire les articles en lien avec l’image. Enfin, le recours à des sacs poubelle pour évoquer les effets des réformes contre lesquelles est tourné le mouvement est une image frappante dont le message est clair et plein d’humour.

Dernier motif : la foule désorganisée

Jpahjarlaud / La photothèque du mouvement social

Photographie de Jpahjarlaud : L’élément central de la photographie est un couple de dos surmonté d’un drapeau rouge et entouré d’une foule un peu désordonnée. L’image est éclairée d’une lueur rouge produite par un fumigène tenu par une personne à gauche. De la fumée liée à ce fumigène se trouve dans la droite du cliché. L’impression générale qui se dégage de l’image est le manque d’organisation, le désordre et le contraire d’une ambiance bon enfant. La couleur rouge domine (le fumigène, le drapeau, le manteau de la femme au centre), la violence est suggérée par le fumigène et la fumée, on ne sait pas quel est l’objet réel de la photographie,… Le cliché ne donne vraiment pas une image valorisante du mouvement : désordre et agressivité s’illustrent davantage dans une vision négative et suggèrent un éventuel dépassement des limites du respectable. Cette photographie ne correspond donc pas à ce qui est recherché pour illustrer un tract ou une publication.

Finalement, je n’ai conservé que deux photographies de Cyberien : une pour le motif des manifestants avec banderoles, l’autre pour la focalisation sur une affiche (celle de Victor Hugo) et une photographie d’André Jeff pour le motif des sacs poubelles (celle du gros plan).

L’analyse pratique : évaluer la pertinence du site.

Après avoir sélectionné 3 photographies de la journée de manifestation du 17 janvier 2009 donnant une image positive, valorisante du mouvement mené par les universités et correspondant aux canons journalistiques, je commence à entreprendre les démarches pour pouvoir les utiliser.

On peut accéder à des informations sur les photographies en faisant seulement une visite sur le site. Pour cela il suffit de cliquer sur l’image qui nous intéresse et un tableau récapitulatif nous fournit une petite description du cliché, les mots clés auxquels il se rattache, sa date de mise en ligne, sa taille, par qui elle a été postée, combien de fois elle a été téléchargée. On a en plus le loisir de pouvoir poster un commentaire ou de voter pour l’image si elle nous plaît. Il est bien évident que les commentaires et votes déjà postés à propos de cette photographie apparaissent également à ce moment là. Ainsi, on connaît toutes les informations de base à savoir concernant l’image mais également sa quotte de popularité par le biais des votes, des commentaires et du nombre de téléchargements dont elle a fait l’objet. Si ce dernier aspect nous intéresse une rubrique du site s’intitule « Top 10 » et récapitule les 10 images, toutes catégories confondues, les plus sollicitées pour les téléchargements, les hits et les votes.

Si un simple click sur une image peut nous en apprendre plus sur elle, il est cependant nécessaire de s’inscrire sur le site pour pouvoir télécharger les clichés, tout comme pour en publier d’ailleurs. Cette inscription est on ne peut plus simple ; sa seule condition est la validation des conditions d’utilisation que nous avons évoquées plus haut. Identifiée sur la Photothèque du Mouvement Social.org, je mets dans mon « panier » les 3 images qui m’intéressent. Je peux alors en faire des e-cards, les obtenir sous format Zip ou les télécharger pour les ouvrir ou les enregistrer. Je choisis cette dernière option pour pouvoir disposer des photographies sur mon ordinateur et ainsi vérifier si elles sont réellement utilisables pour un tirage papier ou une mise en ligne internet.

Pour cela, j’ouvre chacune des photographies sur Photoshop et je rentre dans le menu « Image » pour accéder à la taille de l’image. Pour une impression papier professionnelle et donc à grand tirage, un cliché doit avoir une résolution de 300 dpi, une impression papier de base nécessite 120 dpi et une utilisation sur internet demande seulement 80 dpi. Les deux photographies de Cyberien sont déjà en 300 dpi mais je remarque que la taille qu’elles ont est particulièrement petite : 4.51 cm de largeur et 6.77 cm de hauteur pour une, 6.77*4.51 cm pour l’autre ; cela correspond à peu près à la moitié d’une carte postale. Ainsi, sans retravailler les images et donc en créer de nouvelles, on ne peut pas utiliser telles qu’elles les photographies de Cyberien pour une publication papier dans un journal ou l’édition de tracts. La photographie d’André Jeff, redéfinie en 300 dpi, ne mesure que 2.54 cm de largeur pour 1.91 cm de hauteur. Dans ce cas il est évident que l’utilisation pour une sortie papier à grand tirage est impossible… ! Même en 120 dpi la photographie n’atteint pas des dimensions acceptables : 6.35*4.78 cm. Cette image n’est donc pas exploitable pour tout tirage papier, elle ne pourra apparaître que sur le web.

Devant les résultats décevants que j’ai obtenu je décide de faire le même travail sur des images publiées par les personnes qui sont à l’origine du site de la Photothèque du Mouvement Social.org. Je suppose, en toute logique, qu’ayant considéré les buts de leur site ces personnes ont dû poster des images qui peuvent être utilisables sur tous les supports. Le format des images de Patrice Leclerc est toujours le même, je choisis donc une photographie au hasard. Déjà en résolution 300 dpi, le cliché ne mesure que 6.77*4.5 cm. Même souci avec les images de Milos Colic, en 300 dpi elles font 8.67cm de largeur et 5.75 cm de longueur. Quant à Gabriel Laurent, ses clichés ne font que très rarement le même format et il est donc difficile de savoir si dans l’ensemble de ses images quelques unes sont réellement utilisables pour un sortie papier à grand tirage. Aussi, les photographes amateurs ne sont pas les seuls à ne pas remplir les objectifs attendus par le site : les administrateurs même ne les atteignent pas. Peut-être que cela est lié au fait qu’il n’est pas possible de déposer sur le site des photographies dépassant 1024 pixels, restriction qui est stipulée dans une rubrique qui explique comment publier ses images.

En définitive…

Il semble que le site de la Photothèque du Mouvement Social.org ne remplisse pas toutes ses missions : une utilisation des photographies pour un site internet est possible mais ce n’est absolument pas le cas pour une publication dans un journal papier ou l’édition de tracts. L’intérêt du site est manifeste : il fournit des images des mouvements sociaux en général avec un vrai souci du pluralisme des points de vue et des expressions. Le fait que tout le monde puisse y publier ses photographies est la garantie même de cette diversité. Il donne par ailleurs de la matière à des journalistes qui sont ensuite libres de faire un choix d’images selon des critères qui leur sont propres. Cependant, il est regrettable que le site ne remplisse pas toutes les finalités qu’il s’était attribué. L’impossibilité d’utiliser concrètement les images mises en ligne pour des publications papier dessert la Photothèque du Mouvement Social.org.